Chaussettes neuves et Café froid.

Ce matin-là, l’air était frais. En apercevant le soleil diffuser une lumière rouge sur le mur de ma chambre alors que j’étais encore bien enroulée dans ma couette, le cerveau encore dans un état second et les muscles endormis, je me suis dit que ça allait être une belle journée. Je me suis extirpée de mon lit encore sonnée de la nuit habituellement courte d’une veille de rentrée et j’ai marché tel un zombie jusqu’à la source de caféine la plus proche.

Arrivée dans la cuisine, je me suis retrouvée face aux ravages de la veille et à la montagne de vaisselle qui trônait dans l’évier et je me suis promis que je la ferais disparaitre une fois que ma dose serait passée dans mes veines. J’attendais gentiment que l’eau chauffe dans la casserole quand la fenêtre a tendrement embrassé l’arrière de mon crâne dans un courant d’air.

« Qui m’a fait le merveilleux cadeau de ne pas verrouiller la poignée hier ? »

J’ai préféré me concentrer sur l’odeur du café qui commençait à embaumer la pièce. Les bras croisée sur le comptoir j’humais la tasse fumante qui me faisait de l’œil. Soudain, je repensai à un exercice d’écriture : « les petits riens qui font du bien ». L’odeur du café le matin était en tête de liste, juste avant « enfiler des chaussettes neuves » et soudain, je me souvenais de ces deux bouts de tissus qui m’attendaient dans mon armoire.

J’avais toujours adoré la sensation du tissus neuf sur ma peau, c’était comme marcher dans l’herbe chaude l’été, confortable et rassurant. Après ces quelques secondes de délectation je m’étais traînée jusqu’à la salle de bain. Je me suis figée en franchissant le seuil sentant l’humidité s’infiltrer dans mes chaussettes. J’ai regardé l’eau tacher le tissus neuf et j’ai changé de chaussettes, me consolant en pensant à mon café qui m’attendait sagement dans sa tasse.

Mais dans cette tasse prometteuse, mon café était froid et il descendit dans mon estomac comme une lame de couteau. Dans une ultime grimace, je regardai le soleil qui faisait briller la rosée sur les feuilles des arbres de la place et je me dis à nouveau que ça allait être une belle journée.

Malgré tout.