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14 Jan

LE BLUES DU POINT VIRGULE OU COMMENT AVOIR TOUJOURS LE CUL ENTRE DEUX CHAISES.

Publié par Léna Peregrin  - Catégories :  #Plume au vent

LE BLUES DU POINT VIRGULE OU COMMENT AVOIR TOUJOURS LE CUL ENTRE DEUX CHAISES.

Je suis toujours coincée dans un entre deux. Entre deux appartements, entre deux trains, entre deux rues, entre deux écoles, entre deux mecs. Je passe des uns aux autres, sans jamais me fixer nulle part. Du moins, mentalement, parce que dans la réalité, les choses sont un peu différentes. Je ne fais pas de choix. Je ne bouge pas et conséquemment, on ne me choisit pas non plus. 

 

Je suis un point-virgule, celle qu’on choisit quand on ne sait pas trop quoi faire mais qu’on finit par remplacer par une autre parce que finalement on a réussi à se décider. Moi, j’aime ça, être un point-virgule, parce qu’on est à la fois le point définitif qui clôt toute discussion mais aussi cette virgule fourbe qui annonce une suite, une nouvelle chose à apprendre et je me dis que ça plaira un jour à quelqu’un. A quelqu’un d’encore plus dingue que moi.

 

Quand on me demande de me décrire en un mot, je réponds toujours : paradoxale. Parce que je n’existe que dans la contradiction, je trouve du sens dans les choses qui ne vont pas ensemble. Ce qui explique surement mon taux d’échecs professionnels et sentimentaux. Je peux passer des heures à lister le pour et le contre et à foncer dans la direction indiquée par les contres. Par goût du risque. Ou juste par connerie.

 

J’ai tendance à dire que je me désespère et pourtant je m’accroche à ma condition de point-virgule, parce que ça me plait d’être la chose à part, qui refuse de rentrer dans les normes bien établies de la ponctuation et puisque personne ne semble foutu de définir clairement mon rôle, je m’octroie le droit de le faire toute seule.

 

Il y a tout de même une chose qui me gêne. C’est horriblement arrogant un point-virgule. Quand tu le trouves dans un texte, il est là pour te rappeler que tu ne lis pas n’importe quoi. Quand tu oses le placer dans une dissertation, tu dois t’attendre à te prendre une réplique cinglante de la part de ton prof, te rappelant que tu n’es pas Proust, comme si écrire comme Proust était une gloire… Et enfin quand une fois tu arrives à placer correctement ce graal de la ponctuation, tu trouveras toujours un connard pour te rappeler que ça ne sert à rien à part faire chier le monde.

 

Au fond, je ne corresponds à personne. Et c’est mieux comme ça. Parce que je peux zigzaguer entre les gens, partager la vie de tous, m’adapter. Et puis je ne désespère pas. Un jour, le point-virgule sera reconnu à sa juste valeur. Dès qu’on lui en aura trouvé une.

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