Cauchemar

Le cauchemar perfore le cerveau brusquement, nous réveille. La réalité a du mal à refaire surface dans la respiration haletante. D’un geste maladroit, notre main chasse les larmes de nos joues meurtries.

Honteux, on efface le rêve sombre d’un revers de manche.

Mais après quelques minutes, quand les réminiscences semblent s’être évaporées, on ne se rendort pas. On tourne. On se relève, on boit un coup, on relit les pages sur lesquelles on s’était endormi. On cogite. Les muscles sont fatigués, tirés d’un sommeil réparateur, on les prive de repos. On fait craquer nos articulations, elles aussi commencent à nous insulter. Notre corps entre en opposition avec notre esprit. On lutte. Contre soi-même.

On repense à nos rêves passés, à ces matins qui étaient déjà des après-midis,  à ces longues nuits sombres qui nous rendaient souriants, à la sensation que ça faisait de savoir qu’on était reposé. Qu’on ne ferait pas semblant de lutter contre la fatigue toute la journée. On repense aux siestes qu’on pouvait faire n’importe où. A ce temps où on ne savait pas ce que ça faisait de manquer.

Parce qu’on le comprend d’un coup. On le sait. On ne dormira plus.

Plus jamais comme avant.

Parce qu’il nous manque.